Impressions d'Olivier à son arrivée !!!



Texte de news du 30 Juillet 2002

Pour info et pour ceux que cela fatiguerait de lire jusqu'au bout :

------- ARRIVEE DEFINITIVE A TOULON le SAMEDI 10 AOUT ----------
(place de la Liberté à 17h30)

Retour en France après 700 jours de voyage.

Les dernières nouvelles remontent déjà à près de 2 mois, lorsque j'étais en Chine.
De Pékin, terme de mon parcours en Asie, j'ai pris l'avion direction Prague où nous nous sommes retrouvés avec les enfants de l'Institut Gustave Roussy.
4 journées ensoleillées pour découvrir la ville, pédaler ensemble, partager 2 ans de voyage et de rêve...
Beaucoup de joie, de rires et d'amitiés complices...
Après ces 2 années de liens et de correspondances par internet, quoi de mieux qu'une rencontre concrète, loin de l'hopital et du quotidien difficile...?
Rendez-vous a déjà été pris en septembre pour un goûter dansant géant!!!

Bruno, mon frère, me rejoint à son tour dans cette magnifique capitale européenne.
Nous descendons plein sud vers l'Autriche.
La Republique Tchèque est tout en courbe. A perte de vue se reposent de grandes collines vertes, cultivées ou plantées de sapins.
Les méandres de la Vlatva sont l'occasion pour les touristes estivaux de s'essayer au canöe...
L'Europe m'apparaît tranquille, sereine.
La venue simultanée des enfants de l'IGR et de Bruno m'ont évité le "cafard" du retour.
Bruno vous dira que je l'ai bien fatigué à vouloir systématiquement m'arréter dans tous les restaurants chinois que nous recontrions mais c'était simplement pour avoir le plaisir de manger avec des baguettes...

L'arrivée en Autriche est rapide. Vague coup de tampon a la frontière et nous voilà en Europe. Il faut troquer nos Couronnes contre des Euros. Je découvre cette nouvelle monnaie qui est aussi, soit-disant, celle de la France...
L'hôtel Mercure de Salzburg (groupe Accor) nous accueille. C'est la ville de Mozart.
Nous le découvrons figé sur une place où il ne semble intéresser que les pigeons...
Des milliers de touristes déambulent dans la ville. Ca et là des concerts organisés ou improvisés tentent de rappeler que la ville est d'abord musicale.
A vrai dire, cela ne m'intéresse pas vraiment.
Ce que je réalise et qui m'effraie de plus en plus c'est l'absence de dialogue et de communication totale qui règne entre mes "compatriotes" européens et moi depuis que je suis revenu sur le Vieux continent.
Le peu de gens qui sortent dans la rue le font pour leurs affaires, ignorant tout ce qui se passe autour d'eux.
De leur maison cloturée à leur voiture climatisée, ils passent, têtes baissées...
Quant aux touristes, leurs programmes sont également vérouillés...
J'avais oublié à quel point le Temps compte ici, plus que la vie du présent.
Les jours qui suivent vont être difficiles.
Nous n'avons encore parlé à personne et, pareillement, personne ne nous a adressé la parole...
Nous traversons des villages d'une propreté impeccable. Rien n'est au hasard.
Mais les rues sont désertes, désertes, désertes...
Je suis malheureux.
Le silence est roi lui aussi.
On ne klaxone même plus.
Les villages sont comme d'immenses cimetières.
Chacun semble préparer méticuleusement sa maison-tombeau, arrangeant dans un silence de mort de pauvres petites fleurs emprisonnées...
Tout est parfait, l'eau des torrents limpide, les forêts replantées, les gazons tondus, les volets bien peints, les restaurants stérilisés...
De joie, de spontanéité, d'humanité, de vie...? Point...
Le voyageur vagabond, sans tombeau bien propret, n'a visiblement pas sa place sur ce Vieux continent en sursit.
Heureusement que Bruno est là pour s'émerveiller et avancer dans la joie, car de mon côté je ne vois que la mort...
Il faudra une rencontre fortuite et du mauvais temps pour me sortir de ce petit moment de déprime.
Nous sommes au pied du mont Glockner et le dit mauvais temps se lève.
Pas question de passer le col (2500m) dans le froid et les nuages.
Un demi-tour avec retour à la ville la plus proche nous semble sage.
Nous dînons dans une auberge-hacienda en bordure de la ville avec comme ferme intention de pouvoir profiter de la belle pelouse qui l'entoure. Eh oui, rappelons notre condition de vagabond qui veut que nous cherchions tous les soirs un lieu pour dormir...
Nous sommes reçus par une charmante jeune fille déjà rencontrée ce matin dans la montée...
Nous nous reconnaissons alors que nous ne nous étions pas parlé...
Le hasard fait bien les choses!
Liana est tchèque, brune, souriante, discrète et porte de grands anneaux argentés aux oreilles.
La cuisine méxicaine qu'elle nous sert est toute aussi délicieuse...
Et même un peu piquante...
Les deux frères qui tiennent la maison n'ont rien de mexicains mais savent user de la Tequila et autres Corona...
Le plantage de tente tard dans la nuit est très aproximatif, le sommeil lourd.
La journée qui suit est un cauchemard. Mandy, un des 2 frères, nous invite a rester au moins 24 heures de plus. D'emblée, il nous installe en plein soleil avec une pinte chacun... Le restaurant est aussi un hôtel et nous pourrons dormir dans un bon lit ce soir.
Pas d'inquiétude...
D'après son frère, Mandy est un "murder" et nous allons vite comprendre pourquoi...
Toute la journée la bière coule à flot...
La seule trève sera pendant les 70 kms de vélos que nous ferons sans arrêt et à fond en fin d'après-midi. Eh oui, Mandy est aussi coureur de marathon... 02h48, c'est son meilleur temps!! Pour cela, l'entrainement doit être quotidien!
La journée s'achève au restaurant chinois (quelle joie pour moi!!) et avec un verre de shnaps a plus de 80 degrés!
Bilan provisoire : 60 bières, 26 Tequilas, 10 Metaxa, 2 cocktails, 2 shnaps...
Finalement, nous allons encore rester une journée de plus dans ce petit paradis mexicano- autrichien au bord du lac de Zell Am See et au pieds de sommets enneigés.
Mandy ne se lache qu'une fois par mois. C'était hier... Aujourd'hui, le maître mot est : sobriété!! Enfin...
Il est temps de s'attaquer au col.
Je suis réconcilié avec l'Europe toute entière!
Mandy, merci pour ton accueil, ta simplicité et tout et tout!!!
(Précision : c'est bien grâce à Mandy et non à son alcool que ma petite déprime est passée...).

Quelques jours de montagnes et nous voilà aux portes de l'Italie.
7 kms avant la frontière, en pleine montée vers le col, ma jante arrière cède...
Nous sommes samedi soir et il va falloir attendre lundi matin pour pouvoir la changer.
2 prêtres canadiens nous accueillent dans la paroisse qu'ils ont en charge durant l'été.
Cette fois c'est bon, la plaine du Pô s'étend devant nous. 40 kms de descente pour la rejoindre!
Rapidement nous arrivons à Venise où, comme partout, il y a un hôtel Accor!
Celui-ci est tout de même particulier puisque dans une ville très particulière...
L'accueil est royal, l'hôtel charmant et somptueux, le temps splendide, la ville magique!
Un seul hic : nous sommes venus dans la capitale des amoureux en... frères!!
Difficile de s'embrasser sur les ponts...
Nous évitons aussi soigneusement les plans "gondole"...
Nous nous accorderons simplement une photo ensemble, place Saint Marc. Bruno trouvera amusant de demander à un autre couple de prendre la photo en disant : "Please, can you take a picture of me, with my lover...???"
Le lover c'était moi!!!
Pas très drôle...

Nous quittons difficilement cette cité lacustre où nous nous sentons si bien tous les deux, direction Florence.
En fait, nous ne verrons rien de Florence. Temps déplorable.
Pas question de moisir ici.
Nous fonçons donc vers Pise, sous la pluie...
La tour est effectivement penchée mais pas si haute que l'on pensait.
Comme des milliers de touristes nous sortons nos appareils photos, cochons la case "Pise" et continuons notre chemin...

Le beau temps revient et nous pouvons profiter de la côte dans notre remontée vers Gêne.
Vélo le matin, plage l'aprés-midi et presbytères le soir. A chaque fois les curés nous accueillent pour dormir. Plutôt agréable de se retrouver dans un petit cloître calme en plein milieu d'une cité balnéaire bruyante...

A Gêne, nous quittons la côte pour rejoindre Cunéo au pied des Alpes.
Dernier col, 1911 mètres d'altitude, nous sommes à Larche.
Le bleu du ciel est indescriptible, nuancé à l'infini.
Aucun doute, nous sommes bien dans l'Ubaye!
Dernier camping au départ du sentier qui mène au Ruburent et que nous avons emprunté des dizaines de fois... En face, la vallée du Lauzanier...
D'un coup, je suis revenu!
Rien n'a changé et les troupeaux de moutons rentrent toujours à la même heure par les même sentes, vers les mêmes abris...
La pleine lune empêche la nuit d'étouffer les montagnes.
Accueil géant. Je suis heureux.

Une autre étape est la rencontre de la première personne française après presque 2 ans d'absence.
J'appréhende un peu et ai surtout peur d'être déçu.
Cette rencontre va avoir lieu quelques kilomètres après le col, dans le village même de Larche.
Nous sommes rentrés dans la seule épicerie locale pour trouver de quoi petit-déjeuner.
Alors que la clochette de la porte résonne encore, mon coeur bat de plus en plus vite.
Qui va apparaître pour nous servir???
Elle apparaît soudain, brune, jeune, charmante et presque ravissante...
Bingo!!!!
Bienvenue en France!!!!
Clarisse n'a que 15 ans mais elle en paraît 18.
Je lui explique alors le pourquoi de ma mine ravie et lui demande si nous pouvons faire une photo ensemble. Mon "lover" (celui rencontré à Venise) se charge de nous immortaliser.
La mère de Clarisse est correspondante locale du Dauphiné Libéré.
Elle nous propose alors de faire une petite interview.
Nous sommes installés sur la terrasse autour d'un café et d'une baguette...
Merci pour cet accueil qui comptait beaucoup pour moi!!!

Nouvelle pause à Barcelonnette puis sur les hauteurs du lac de Serre-Ponçon où la famille Camus nous accueille avant l'arrivée surprise à Turriers...
C'est là que notre famille passe ses vacances.

A 18h45 nous sommes postés avec Bruno dans les cuisines du restaurant Roche-Cline...
Nous attendons le reste de la famille qui doit venir dîner ici...
C'est aujourd'hui l'anniversaire de notre mère, nous sommes le 25 juillet...
Elle nous croit encore à Gênes...
Surprise totale!!!
Nous sommes tous les dix réunis...
Joyeux anniversaire!!!

Après cette arrivée officieuse et quelques jours de repos en famille, je redescendrai vers Toulon, point de départ de mon voyage il y a deux ans.

L'arrivée est prévue le samedi 10 août, place de la Liberté, à 17h30.
Vous êtes bien sûr tous invités!

Alors, à très bientôt!!!

Olivier Peix