C'etait il y a un an : ma bicyclette et moi partions pour un petit voyage...
Deja 19000 kms a travers 11 pays, 26 crevaisons, 4500 photos, 0 chute, 180
litres de coca, etc...
La liste des elements quantifiables est longue et je pourrais encore, bien
que certains n'y croiraient pas, vous parler de 12 savons, 5 tubes de
dentifrice, 4 brosses a dents...
Extraordinaire, n'est-ce pas?
Mais, plus encore, combien d'Hommes rencontres?
Combien d'immenses et vrais sourires?
Combien de ces instants de vie ou la Nature toute entiere vous murmure et
livre quelque douceur...?
Combien d'heures passees a contempler?
Et a manger aussi...
Etoiles, arbres, fleurs, riz, kiwi...
Et-toi-l'arbre-fleurit-qui vit... merci!
La Thailande est le premier pays d'Asie ou nous avons pose pieds et roues.
Apres 10 jours a Bangkok, nous avons rejoins directement une cousine dans le
nord du pays, a Nong Khai.
La, ce sont les bagages que nous avons pose...
Nong Khai est une ville agreable, sans grand interet touristique.
La puissance tranquille du fleuve Mekong, renforcee par le caractere
paisible des thailandais, donne a la ville toute sa dimension.
On est bien.
Une autre particularite est d'etre un point de passage pour se rendre au
Laos : le Pont de l'Amitie relie les deux pays que separe le fleuve.
On trouve ici de tout, a commencer par des temples.
Debauche de kitch qui fatigue vite l'oeil non habitue...
Bouddha brille, scintille et d'or...
La rue est le lieux privilegie d'une multitude de petits commercants qui
proposent tous les services : certains ont leur magasin quand d'autres se
contentent d'une charette.
Mais la Thailande a aussi ses grands centres commerciaux qui n'ont rien a
envier a nos pays...
La vie, en plus de n'etre pas chere, est facile (pour les occidentaux).
Et lorsque l'on sait que la cuisine thailandaise est l'une des meilleure au
monde... que demander de plus?
Peut etre un peu de soleil?
Eh oui, c'est la mousson!
Heureusement, ca n'est pas aussi violent que je pensais et globalement il
n'y a pas de quoi se plaindre surtout pour moi qui loge dans une maison en
dur.
Ce n'est pas le cas de tout le monde et, si la ville est a peu pres epargnee
par les inondations (quoique!), nous avons vu dans les villages alentours
quantites de ces maisons (pourtant sur pilotis) noyees...
Ce n'est pas ce qui va emouvoir ni enerver les thailandais!
On reste souriant et... tranquille!
Ma cousine est ici en mission avec une autre cooperante francaise.
Immediatement, elles me font partager leur vie.
Presentes depuis presque 2 ans et parlant parfaitement Thai, elles
travaillent plus particulierement aupres de sideens dans les villages
alentours de Nong Khai. Une communaute de Soeurs du Bon Pasteur, installee
depuis 1983, les dirige dans cette mission.
De formation, l'une est infirmiere, l'autre assistante sociale.
Je decouvre petit a petit leur immense role aupres des malades.
Comment les soulager de leur souffrances physiques et morales?
La simplicite semble parfois le meilleur remede.
Les moyens du bord sont limites, il n'y a bien sur pas d'acces a la
tritherapie ou au soutien de psychologues, alors on invente : ateliers de
peinture, de poterie, reunions de discussions, reunions d'anniversaire...
On dessine des grands ciel bleu, des pres d'herbe fraiche, des soleils qui
rechauffent, on rie, on joue de la guitare...
La piqure de vitamines et la mesure de poids n'auront pris que quelques
minutes dans cette journee de joie simple et presque enfantine.
La visite de ces meme malades dans leur village permet de se rendre compte
de la place qu'occupe chacun, au sein de sa famille ou de son entourage.
La maladie a le plus souvent ete contractee soit a Bangkok, pour les filles
qui se prostituent, soit sur les bateaux de peche ou la drogue aide les
hommes a 'tenir'.
C'est que le travail dans les rizieres ou dans les villages ne rapporte
souvent presque rien, alors on s'en va, attire par quelque certitude de
gagner plus ailleurs...
Parfois on omet d'envoyer l'argent promis a la famille restee au village et,
malgre cela, ces meme familles semblent accepter une fille ou un fils qui
revient mourir chez lui.
La tolerance n'est pas un vain mot ici et elle doit etre un principe comme
une consequence du boudhisme.
Malheureusement, ce n'est pas systematique et beaucoup se retrouvent seuls,
mis au banc par tout le village...
La vie se passe alors un peu a l'ecart, dans une cabane en paille qui peut
ne mesurer que 3 metres carres...
Quelle joie lorsque la voiture des "farangs" (etrangers) arrive...
Une petite demi heure de presence, autant de temps pour discuter un peu,
tenter de regler quelques problemes administratifs ou sociaux et surtout
echanger un sourire...
Les malades ont bien souvent la tuberculose ou meme parfois un cancer : le
sida grignote irremediablement leurs defenses immunitaires...
La mort est toujours au bout de ces souffrances.
Mais la croyance des boudhistes en la reincarnation, les fait esperer une
vie posterieure surement meilleure.
Manop est mort cette nuit.
Les tentes sont dressees devant la maison, les cargaisons de coca et
bieres(!) arrivent en meme temps, proches et voisins veillent le corps
depuis longtemps deja...
La mere nous accueille. Nous avons l'impression d'etre des membres de sa
famille.
Une photo rappelle comme "il" etait beau.
On rentre, on sort, on boit et mange, on vit!
Parfois, l'un ou l'autre eclate en sanglot, c'est normal.
Dehors, les plus gais chantent accompagnes d'une musique sourde.
On n'hesite pas a crier une blague de temps en temps...
Belle occasion de reunion que celle du passage d'une vie a une autre...
Les moines arrivent.
Certains hommes (plutot jeunes) vont passer une journee au temple
sur demande de la famille. On peut devenir moine a n'importe quel age et
pour le temps que l'on veut. Les jeunes, souvent les plus pauvres, auront
ainsi leur education assuree...
Mais, dans ce cas precis d'un "enterrement", ce ne sera, le plus souvent,
que pour la journee.
La "prise d'habit" a lieu dans la chambre ou repose le corps du defunt.
Apres avoir psalmodie, le cortege funebre peregrine jusqu'au temple, lieu de
la cremation.
Adieu Manop!
Malheureusement, des Manop, dans les villages du pays, il y en a des
milliers, victimes a peu pres tous de la prostitution ou de la drogue.
Deja pauvres, ils auront fini par tout perdre, leur dignite et puis leur
vie. Quelle injustice sur la terre!
Mais Dieu, les souffrants et les malades, n'est-ce pas une vieille histoire
d'amour?
Il les attend...
Cette experience de vie a ete pour moi, plus qu'enrichissante, determinante.
Merci infiniment a Namefone et Mali qui m'ont montre si simplement et
patiemment leur exemple de vie : donner.
Une autre experience que j'ai eu la chance de pouvoir vivre au cours de ces
deux mois et en compagnie d'un cousin et de deux de ses amies, fut cette
semaine dans un orphelinat Karen, a la frontiere entre la Thailande et la
Birmanie.
Tenu par un tout jeune missionnaire francais dependant des Missions
Etrangeres de Paris, il regroupe 95 enfants de 4 a 16-17 ans.
La plupart sont en fait des refugies birmans dont les parents sont morts ou
retenus en camps.
Surplombant un petit village, dans un cadre absolument magnifique, entoures
de bananiers, cocotiers, rizieres, au milieu des montagnes, les enfants ont
trouve la un havre de paix.
Alors qu'a quelques kilometres, les postes militaires thailandais et birmans
se saluent regulierement a coup de fusils mitrailleurs, les enfants
grandissent en etudiant, travaillant et jouant.
Lever 05h45 pour "poste de proprete", messe dans la chapelle en bois de
teck, petit dejeuner a base de riz, legumes, riz, viandes et riz puis
direction l'ecole du village...
Le matin, au depart de la mission, les enfants, un par un, viennent
respectueusement saluer le pere. Toujours volontiers et avec le sourire s'il
vous plait!
Ah, ces sourires!!!
Et puis, il y a l'uniforme aussi : costume traditionnel en coton (blanc pour
les filles, fushia pour les garcons), tenue scout avec short, chemise et...
chapeau bien sur, ensemble de sport "Adidas made in Thailande" du meilleur
gout (mauve pale... Choix des enfants explique le pere...).
Une constante : Tout est toujours propre, a commnencer par les enfants qui
semblent ne pas connaitre ni la paresse, ni l'enervement, ni meme la
fatigue!
Non, on sourit plutot!
Quelle belle lecon...
Nous, avec mon cousin et ses amies, nous avons du mal a suivre...
Deja, le lever a 05h45 n'est pas normal, 2 douches par jour ca ne l'est pas
non plus (pour tout francais qui se respecte) et puis alors sourire comme
cela!!
Bref, ca fatigue, les enfants...
Mais nous ne sommes pas venus pour etre fatigue!
Une volonte : se rendre utile a la communaute!
Le pere nous propose d'aider les jeunes qui sont en train de faire un
"parcours de sante" tout autour de la mission.
Ah, Ah!! Pensez-vous mon pere, avec l'experience, et de la vie et scout que
nous avons, la chose est faite!
Nous rigolons longtemps...
Les jeunes, au retour de l'ecole, nous montrent les limites du parcours.
OK, OK, on connait, on s'en occupe...
Deux jours passent a fouiller dans nos memoires scouts, a inventer des
epreuves, a tracer des plans en trois dimensions.
Quand meme, l'homme blanc il est vraiment superieur!
Ce professionnalisme, la, au milieu d'une jungle hostile et avec ces
sauvages!!
C'est donc fiers et fatigues, avouons le, que nous presentons notre "plan"
au pere. Lui comprendra surement...
Surs de nous, nous attendons son feu vert pour aller donner nos ordres sur
le terrain.
Les indigenes (gens qui habitent ici, souvent mat de peau) n'ont rien concu
mais ils pourront au moins executer...
"Ah, finalement vous avez prepare quelques chose...?!"
"Oui, et voyez vous-meme l'excellence de notre travail! Nous esperons
simplement qu'ils seront a la hauteur pour la construction et la pratique de
notre circuit..."
Le responsable des "executants" est convoque par le pere.
Ce dernier lui remet les plans que nous avons si parfaitement muris.
Un peu interloque, il veut bien nous conduire sur les lieux du parcours ou
ses camarades travaillent deja.
"Tiens, que font-ils ces 6 la avec un tronc de teck de plus de 10 metres sur
les epaules...??"
"Mais, c'est qu'ils nous auraient presque marche dessus!"
"Oui, ben dites donc, j'espere bien que vous vous excusez! C'est peut etre
lourd, mais ce n'est pas une raison!"
"Comment?, Il faut que l'on se pousse un peu car vous allez replanter ce
tronc ici?"
"Aie! Saletes de moustiques! Mais ce n'est pas possible, je me fais bouffer!
Attends, file-moi du Podeblanbek! Aiiieee!!"
"Bon ces plans? Mais vise un peu!, il regarde les feuilles a l'envers cet
indien!!"
Conclusion : le blanc dans la jungle, quoiqu'ayant un grand bec, est
ridicule.
L'indigene, lui, en plus de ne pas se faire piquer par les moustiques (ou au
moins de ne pas geindre), a des gros bras, mais ca c'est utile pour un
parcours de sante.
Nos plans auraient pu convenir a des enfants de 2 a 12 ans des banlieues
ouest de Paris. Et encore, apres reflexions (toujours de blancs me direz
vous!), nous avons tout de meme convenu qu'ils se seraient rapidement
ennuyes (environ au tiers du parcours).
J'appelle donc les autorites competentes de la banlieue ouest de Paris
(competentes ca fait bizarre, non?) a planter des cocotiers d'au moins dix
metres dans leur espace de vie (10 metres dans un espace de vie parisien, ca
fait bizarre aussi, non?) pour l'entrainement de la jeunesse francaise
(jeunesse francaise, c'est bon ca?).
Bref et ainsi, les indigenes seront moins forts!
Quant a toi, blanc, va plutot bronzer un peu, c'est la seule chose que tu
saches faire...
Ils auraient pu se fiche de nous ces jeunes a la peau mat. Et bien meme pas.
Ils nous ont explique, presque desoles, qu'ils auraient termine sous peu le
parcours...
Ah, si au moins nous etions alles faire un petit tour sur le terrain au lieu
de rester dans nos bureaux d'etude, enfermes pendant 2 jours et 2 nuits
(mais la nuit on a quand meme dormi)...
Meconnaissance du terrain, meconnaissance de la destination de notre projet,
meconnaissance des moyens, meconnaissance des hommes, mauvais produit
anti-moustique... fatal!
C'est pas un peu dangereux tout ca?
Et vous, vous etes deja tombes lors d'un parcours de sante?
Le reste de la semaine pour s'en remettre et decouvrir les autres activites
de la maison. Si l'orphelinat tient une place importante dans la vie de la
mission, la vraie mission de la mission c'est avant tout d'evangeliser.
L'inquisition semble terminee et nous n'avons pas observe de violence
particuliere a l'egard des populations encore infideles.
C'est en fait, un lourd travail qu'une paroisse dans les montagnes.
La tendance actuelle est a l'animisme (avec toutes ses sorcelleries) et,
bien sur, au boudhisme. Pas beaucoup de chretiens. D'ou peut etre l'interet
d'une mission...
Les villages sont parfois a plus de 2 heures de marche (apres une heure de
4x4). Paysages magnifiques, certes, mais attention aux sangsues et autres
gentils serpents qui viennent vous caresser les mollets (soit disant pour
chasser les moustiques!) alors qu'une bruine tropicale inonde votre visage
(et puis, d'ailleurs, le reste aussi).
"Ah, ah, il vient de s'etaler dans la boue!! Excell... SPLAFF!!!"
"Eh..., attendez moi!"
Le pere gere aussi les ecoles de ces villages perdus. Il faut verifier que
les instituteurs fassent correctement leur travail. Qu'ils viennent au moins
le matin, quoi!
Le jour de la paye, ils sont toujours la.
L'accueil dans ces villages est un plaisir. Nous prenons autant de sourires
dans les figures que nous avons pris de pluie pendant les 2 heures de marche
precedentes...
Les enfants ont la peau mat, donc ils sonts forts.
Aussitot la classe finie, ils regagnent leur maison a pas de geants, perches
sur de longues echasses (lire a ce propos : "ou comment faire la nique aux
flaques de sangsues et aux hautres herbes serpentesques..."
N.B : plus vous serez bronzes, plus vous serez a l'aise. Blancs,
s'abstenir.)
Les blancs s'en retournent donc d'ou et comme ils sont venus.
Pas facile.
D'etre blanc.
La semaine chez les Karen se terminent par une "petite randonnee du
dimanche" autour de la mission.
Les enfants s'amusent de notre blancheur et nous font decouvrir pleins de
petites astuces de la jungle.
L'une plonge la main dans un torrent et sort un crabe puis 2 crevettes,
l'autre repere un scarabe enorme perche a 3 metres dans un arbre...
Qu'ils ont l'air heureux! Parfaite symbiose avec la nature!
Soudain, c'est le drame.
Un enfant (il doit avoir 12 ans, peut etre un peu plus) titube vers moi en
hurlant et se tenant la tete.
Son visage est recouvert du sang qui coule abondament de son crane.
Il a du tomber et se fracasser sur un rocher.
Je panique, ce qu'il ne faut d'ailleurs surtout pas faire car cela ne change
rien.
Cela ne change rien.
Ou plutot, si. La myriade d'enfants qui est autour commence a crier aussi,
me faisant bien comprendre qu'il faudrait peut etre que je pense a faire
quelque chose.
Oui, mais quoi?
La jungle parait se refermer sur nous. Tout devient abominablement
oppressant...
Et ce torrent qui continue a couler, comme si de rien n'etait...
"TAISEZ-VOUS!!!"
Ahh, si les torrents et les enfants bronzes comprenaient le francais!
Peut etre se seraient-ils tus...?
Alors, je me prends a rever que je reve...
Je me marie et presque en meme temps j'ai beaucoup d'enfants...
"ARRGL, horreur, non, pas 'beaucoup d'enfants'!!
Bon, la fin c'est que je ne me suis pas marie et que le gamin ou plutot le
sale gamin (pas le mien parce que finalement je ne me suis pas marie, mais
ca je viens deja de le dire) avait juste fait du cinema en se frottant une
espece de plante dans les mains.
Non, pas une plante qui ouvre le crane quand on la frotte, non!
Un effort s'il vou plait!
Une feuille, plus precisement, verte au depart et qui devient rouge vif des
qu'on la triture.
Ajoutez un peu d'eau et vous pouvez vous explosez la tete en toute securite!
Effet garanti, dirait la notice!
Tout ca pour dire que les blancs paniquent vite.
Mais moi, quand meme, j'etais super inquiet qu'on fasse mal a une plante
comme ca, gratuitement, juste pour rire.
Bon, d'accord, je me tais.
Suite a cette semaine calme, disons-le, je suis rentre a Nong Khai chez ma
cousine (elle n'ecrase pas les plantes, elle, au moins) alors que mon cousin
et sa (tiens, il en manque une!) copine ont prefere allez bronzer un peu
avant de continuer leur aventure en Thailande...
Pris d'une envie soudaine de velo (parfois on a besoin de choses qui
rassurent) je suis parti dans la foulee (mais sans courir) pour 15 jours de
velo (ah, c'est peut etre pour ca) au Laos.
Dernier bastion sur notre planete de ce genre de pays que l'on dit
communiste, le Laos l'est, sans pourtant l'etre (laid).
Vientiane est la capitale.
Cette ville n'a de capitale que le nom : aucune industrie, "Champs Elysees"
en terre, pas de distributeur automatique, la zone!
L'interet du Laos est surement dans ses montagnes...
Tres vite j'y arrive.
Les grands pics de calcaire noircis, verticaux et qui semblent jaillir des
rizieres, annoncent ou protegent les montagnes tapies derriere...
Alors on est seul.
Seul dans cette immensite, au milieu de gigantesques vagues...
Partout, la nature explose offrant a l'oeil sa kyrielle de verts...
Bananiers, roseaux, bambous geants, tecks, chacun essaie de depasser l'autre
dans des joutes fabuleuses ou la forme et la taille sont les seuls atouts.
L'eau ne manque pas, surtout en ce moment, alors on s'amuse!
J'avance tranquillement croisant parfois quelque village.
L'accueil est phenomenal. Tous les enfants bondissent sur la route et
saluent "sabaydii!". Les sourires sont enormes.
J'ai parfois presque les larmes au yeux tant ils sont beaux dans leur crasse
et leur simplicite.
Le mou, le gras, le trop n'existe pas.
Tout est franc.
Souvent on me propose du riz ou a boire. Je ne peux pas refuser (car j'ai
faim).
Des dizaines d'enfants et meme moins jeunes s'agglutinent alors devant la
porte de la cabane en bambou dans laquelle on m'a fait prendre place.
Ce sont autant de paires d'immenses et petillantes billes noires qui
m'observent...
Personne ne parle. L'anglais n'est pas encore la langue la plus usitee chez
les planteurs de mais, les coupeurs de bambous ou les gardiens de cochons.
Peut etre que les fournisseurs d'opium, je ne sais pas...???
Qu'il est bon, parfois, de ne rien dire.
On parle avec un geste, un sourire, une mimique...
A Vang Vieng, je rencontre un autre francais qui voyage a moto, une vieille
Sanyang chinoise. Parti du Cambodge ou il a passe un an, il veut rallier la
France en 2 mois. Malheureusement, a l'heure qu'il est, il a du abandonner
sa moto a la frontiere chinoise et continuer comme tout bon touriste qui se
respecte... en bus puis en trans-siberien!
Nous passons une bonne journee visite autour de Vang Vieng puis repartons
chacun a notre allure non sans avoir fait un petit bout de chemin ensemble
(tout de meme).
Luang Prabang n'est plus trop loin mais il y a de bonnes petites cotes...
Un groupe de 4 jeunes (2 garcons de 25 ans et leurs 2 amies de 19 ans)
m'invitent un soir a boire une biere.
Ils habitent un autre village a 35 kms et sont venus ici pour le week end.
D'une biere, on passe tres vite a 5 puis 10, jusqu'a 18 en tout!
18 bouteilles de biere soit presque 13 litres a 4!
Bon, j'avoue..., a 5!
M'enfin quand meme!
Resultat, on me propose les 2 filles pour le reste de la soiree et meme de
la nuit...
Pourquoi pas la vie???
Elles sont plus que charmantes, j'en conviens.
Bon, la je suis fatigue, j'ai une grosse journee de 140 kms demain et en
pleine montagne, alors... bonne nuit!
C'est que l'on ne se decolle pas des laotiens de la sorte!
Il n'y a, dans ce village, qu'une seule auberge et ils decident
(raisonnablement) d'y passer la nuit...
Oui, mais, non!
Voilaaa... tu sors gentiment de ma chambre et on se retrouve pour le petit
dej, OK?
Les 140 kms du lendemain sont enleves avec une aisance impressionnante.
La biere?
Je croise encore quelques uns de ces miliciens, errant seuls ou en bandes
sur les routes et protegeant je ne sais trop quoi.
Ils sont armes de fusils automatiques et toutes autres sortes de lames (je
ne parle pas ni d'opinel ni de couteaux suisses qu'utilisent nos enfants de
la banlieue ouest de Paris...).
Inquiet, au debut, a la vision d'un de ces bipede me faisant face tout de
brigand vetu, je me detends petit a petit a la formation systematique des
immenses sourires qu'ils me prodiguent.
Les vrais brigands mechants sont sur la route du Xiang Khang, plus a l'est.
J'arrive enfin a Luang Prabang.
Ville patrimoine mondiale de l'Unesco.
Ancienne ville royale, elle est maintenant la seconde du Laos.
La quantite des temples en fait sa specificite. Fini le kitch thailandais,
enfin on peut admirer des toits en tuiles et des dorures "naturelles"...
L'empreinte de la France (le Laos est un ancien protectorat francais) se
voit tres nettement dans l'architecture des maisons de la ville et l'on peut
admirer par exemple (non sans plaisir), des petites persiennes bien de chez
nous avec nos couleurs vertes, bleues ou oranges provencales... (desole ca
ne dira rien aux bretons mais y-avait-qu-a-pas!).
3 jours dans cette ville rythmee elle aussi par le Mekong mais egalement par
la vie des moines qui doivent etre des milliers...
Le retour en Thailande se fait en bus. Eh oui, il n'y a qu'une seule route
alors une fois, ca suffit!
Neuf heures d'un bus franchement pourri ou il n'y a tellement pas de place
que la personne qui est assise devant vous est en fait... derriere!
Je retrouve a nouveau nos travailleuses volontaires.
Il y a eu 3 deces de malades en 15 jours.
Des amis.
C'est la vie.
Septembre commence.
En France, c'est la rentree des classe.
Il va peut etre falloir que je reparte definitivement, moi aussi.
La mousson devrait se calmer.
Cap sur le Cambodge en longeant le Mekong. Donc, paisiblement...
Ensuite ce sera le Viet Nam puis la Chine...
Retour en France dans... 10 mois, un an??
Voila livres quelques moments des 2 mois passes.
Rien n'est construit dans ce que j'ecris mais c'est un peu comme se deroule
mes journees au fond...
Merci de votre soutien continuel.
Ma grande tele marche toujours a merveille!
Dans mon loft, il y a le Bon Dieu, ma famille et mes amis...
Je n'ai pas envie d'en zapper ni de zapper d'ailleurs.
Je laisse le Bon Dieu choisir le programme pour moi...
A tres bientot.
Bon courage pour la reprise.
Olivier Peix
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